M.A BEAT! : l’excellence au-delà du nom (#12)

Il y a cinq ans, durant l’été 2015, j’ai découvert un groupe dont les sonorités électroniques étaient douces et chill. J’ignore comment être arrivé à ce groupe français, made in Grand Est. Je me rappelle que j’écoutais en boucle ce groupe et l’album de Roger Sellers – devenu Bayonne – sorti un an plus tôt. Or, dans mes playlists figuraient presque tous les morceaux de l’album Drowning for Love, sorti par M.A BEAT! au début du mois de mai 2015. Passée la prononciation du nom de la formation, nous pouvons reprendre l’histoire depuis le début.

Le groupe se compose de trois personnes issues de la scène musicale nancéienne : Adrien Legay, Louis Treffel (Le Serveur) et Samy Abboud. Après un premier E.P. intitulé Arbor (2012) ayant donné lieu à des Remixes, la formation affirme son goût pour les sonorités rock, indé et électroniques. Pour du fait maison, la production sonore est excellente ! Le clip amateur réalisé à la suite d’une tournée au Japon montre à quel point le collectif lorrain sait produire de la qualité à leurs propres frais. Le morceau apparaît sur leur deuxième E.P., Pushing Forms (2013). À travers la production résolument tournée vers la musique électronique, on reconnaît un sample emprunté à Fridge, le groupe où Kieran Hebden, plus connu sous le nom de Four Tet, officia :

Toutes les sorties du groupe paraissent sur le label local Black Milk Music (BMM). 2015 fut donc l’année où j’ai pu découvrir le groupe avec son premier album, sorti peu après un troisième E.P., le dernier en date.

Black Milk Music (BMM) – Page du groupe

8 pistes, 35 minutes d’écoute. Les sonorités, dont j’ai déjà évoqué la nature, se suivent et cet album est consistant puisque chaque morceau dégage une atmosphère différente, sans que les transitions ne soient abruptes. La production est toujours aussi soignée et témoigne de la capacité du groupe à passer de l’E.P. au L.P. sans négliger la qualité.

M.A BEAT! participe à ce contexte où les années 2000 et 2010 virent jaillir de nombreuses productions indépendantes aux sonorités soignées et apaisantes. Le terme de chillwave revient souvent pour tenter de définir un genre à ces musiques électroniques chargées d’effets numériques, de synthétiseurs, de boucles et de samples. Dans le même « genre » et figurant parmi les groupes notables issus de ce contexte, on peut citer le projet Evenings, animé par Nathan C. Broaddus. La compilationYore, parue en 2013, présente des caractéristiques à M.A BEAT!. Il en va de même pour le new-yorkais Photay, producteur touche-à-tout très influencé par les percussions (voir Photay: Behind The Music, 2017).

Deux ans plus tard, en 2017, M.A BEAT! proposa un deuxième album, Sans Soleil, malheureusement un peu plus inégal à mon sens, mais tout aussi ambitieux. Pour preuve, le morceau Brain Off, dans lequel Laraaji prête sa voix. Oui, Laraaji, Edward Larry Gordon, celui-là même qui a collaboré avec Brian Eno sur Ambient 3: Day of Radiance ! Cela prouve que, bien que M.A BEAT! n’ait pas encore la notoriété qu’il (elle ?) mérite, son talent demeure reconnu par un grand nom de la musique ambient.

La musique et les paroles de Brain Off sont d’une très grande puissance. Les huit minutes de contemplation mélancolique laissées par ce morceau résume tout le talent du groupe. Sorti en septembre 2017, l’album de M.A BEAT! parut durant le même mois que celui de Laraaji Bring on the Sun. Un an plus tard, l’album numérique de remixes, Sun Transformations, permit à M.A BEAT! de reprendre un morceau de Laraaji, donner et recevoir. En 2018, M.A BEAT proposa une timide sortie, identifiée par Discogs comme étant une compilation. On y retrouve toujours le talent de production et de compilation, malgré une teneur inégale de bout en bout.

 

Alexandre Wauthier