En 2022, je me souviens, c’était forcément en mai ou en juin, je découvrais la musique de Marina Herlop. Oui, c’est précis, simplement parce que c’était à cette période que je m’étais bêtement remis à fumer. Heureusement, ça n’a pas duré longtemps, mais c’est pendant cette période que j’écoutais trois morceaux en boucle. Trois morceaux, maintenant que j’y pense, qui étaient interprétés par des femmes à la fibre musicale très orientée vers l’électronique.
Il y avait Athena de Sissi Rada, Kiriaki de Maria Spivak et miu de Marina Herlop. À ce moment-là, c’était comme la Sainte Trinité de la ritualisée pause clope. Je me souviens surtout de la pause de l’après-midi, entre 15h et 16h, dans le grand bâtiment du Cnam qui me servait de château. Le moment tant attendu pour se redonner un peu d’énergie, au moment où le coup de mou se faisait le plus sentir : contempler son château et la fumée s’envoler avec ces trois douceurs dans les oreilles, ces moments m’ont marqué.
En rédigeant cet article, j’ai vérifié si les paroles signifiaient quelque chose, en catalan, ou en n’importe quelle autre langue : non. Tant mieux, d’une certaine manière, les vocalises non lyriques permettent encore plus s’ouvrir au rêve. Je ne suis pas le seul à avoir découvert sa musique à ce moment-là. Marina Herlop venait de se faire connaître avec la parution de ce single, figurant sur l’album qui venait de sortir. Cet article parlera donc de la musicienne. Pourquoi elle ? Pourquoi ne pas avoir écrit sur elle plus tôt ? Simplement parce qu’elle vient de sortir un single annonçant la sortie d’une compilation, le 18 octobre 2024. J’ai bien écrit une compilation, pas un nouvel album, mais je profite de ce calendrier pour sortir l’article à la fin du même mois. Cela me permettra de surfer sur l’actualité et, dans le même temps, de revenir sur la carrière de Marina Herlop.
De l’air classique…
Marina Herlop, pour « Marina Hernández López », est une compositrice, chanteuse et pianiste catalane. Née à Piera en 1992, elle a grandi dans une famille catalane et développe une fascination pour le piano dès son plus jeune âge (Limitrophe Production). D’ailleurs, elle vit et travaille aujourd’hui à Barcelone. Cet encrage catalan influence sans doute son œuvre.Elle commence par une formation résolument classique, puisant de futures influences dans les œuvres de compositeurs tels que Bach, Debussy et Ravel.
Peu à peu, elle ressent le besoin de se libérer des cadres traditionnels et de déconstruire – le mot a son importance – la musique sous la forme qu’elle avait initialement apprise pour la réinventer. L’évolution n’a pas été radicale. Marina Herlop sort son premier album, Nanook (2016, Aloud Music Ltd), témoigne encore de cette influence classique. Les compositions sont principalement centrées sur le piano, mais témoignent déjà de la volonté d’installer une atmosphère intime et introspective. Je dis souvent ça à propos des musiques que je commente ici. Normal, j’aime beaucoup ce genre de musique. Pourtant, déjà émerge une singularité dans sa manière de traiter les harmonies et les rythmes. La musicienne compose de manière instinctive et l’improvisation pianistique y est pour beaucoup. De cet album, je retiens particulièrement le titre Hval, la force de la composition au piano se mêle déjà à des éléments électroniques. Comme une première rencontre, comme deux mains qui se touchent. Plus effréné, le titre Ugle incarne la puissance du piano qui tient bon face à ces éléments synthétiques.
Un deuxième album vient confirmer cette tendance. Deux ans plus tard, en 2018, elle sort Babasha, toujours chez Aloud Music Ltd. L’exercice prolonge celui amorcé par Nanook. Dans une interview vidéo accordée à Arturia et publiée en mai 2024, elle évoque son processus créatif concernant ses débuts musicaux :
Les chansons des deux premiers albums que j’ai composés, je les ai composées avec un piano et des voix parce que c’étaient les seuls outils que je connaissais. Quand j’ai commencé à produire de la musique sur un ordinateur, tout a changé. Le fait de pouvoir ajouter autant de couches a donné naissance à de nouvelles dimensions, comme la dimension rythmique et la dimension du timbre.
J’ai apprécié l’écoute de Fledra, le piano rappelle certains Jeux d’eau de Ravel, tandis que la voix se met à dialoguer avec les sons non organiques. Marina Herlop signe deux albums brillants, dans lesquels elle se trouve de moins en moins amarrée à sa formation classique au piano. Comme une Nina Simone, pour forcer la comparaison, elle utilise davantage sa voix pour explorer d’autres contrées sonores.
…A l’ère expérimental
Marina Herlop franchit un cap décisif dans sa carrière quatre en plus tard. En 2022, elle sort son troisième album, Pripyat, distribué par le label berlinois PAN. Cet album lui confère une certaine notoriété et, au-delà du contenu musical, la mise en lumière opérée est grandement opérée par la parution sur PAN. Ce label est connu pour être une source de premier choix en matière de musique électronique et expérimentale. On trouve notamment outre les artistes plus anciens comme, Helm et M.E.S.H., le premier album d’Yves Tumor (2016) ainsi que la remarquable compilation Mono No Aware (2017). C’est aussi sur PAN que son signées Eartheater et Arca (&&&&&, 2020), dont l’esthétique n’est pas sans rappeler celle de Marine Herlop. Si je devais écrire un article similaire au septième que j’ai publié ici, qui traitait du label Posh Isolation, ce serait sûrement sur PAN tant j’ai passé des heures à écouter leurs discographies.
J’en reviens donc au premier morceau que j’ai partagé au début de cet article. Je ne prétends évidemment pas découvrir une artiste que personne ne connaît. Je suis même très content de l’avoir découverte au moment où elle commençait déjà à avoir une certaine notoriété. C’est un peu que Yves Tumor, que je citais plus tôt. Quand il signe chez PAN en 2016, son deuxième album Serpent Music contient des bijoux comme The Feeling When You Walk Away.
Aujourd’hui, plusieurs albums plus tard, Yves Tumor est devenu une grande figure de la musique expérimentale, raccrochant un peu plus son répertoire à un rock indépendant plus grand public. Je me rappelle de son concert au Trabendo en mars 2022, quelle énergie ! Outre le label, l’autre caisse de résonance de Pripyat, ce sont les magazines ou webzines musicaux, dont Pitchfork, qui lui a attribué la note plus qu’honorable de 8/10.
Alors, Pripyat, qu’est-ce que c’est ? Il va sans dire que c’était une grande ville proche de la centrale nucléaire de Tchernobyl, évacué, à vitesse grand V après la catastrophe. Que reste-t-il de Pripyat ? Une ville fantôme dans laquelle cohabitent des animaux sauvages délivrés de la présence humaine. Peut-être que l’on peut tenter un parallèle avec l’album de Marina Herlop par ce biais. On peut même filer pompeusement la métaphore en disant qu’il constitue une explosion de sons électroniques. Ce qui tranche avec cet album plus qu’avec les deux précédents, c’est que la musicienne a résolument jeté son dévolu sur des traitements numériques de sa voix et des textures qui l’accompagne. Quoique complexifiant un peu son approche, elle élargit par la même occasion le spectre de ses possibilités créatives.
La voix est mise à profit comme un instrument à part entière dans l’expérimentation. Ce choix n’est pas sans rappeler celui d’autres musiciennes, comme Björk ou Meredith Monk. J’ai cité plus haut miu, le titre phare de l’album par lequel je suis entré pour découvrir la musique de Marina Herlop. D’ailleurs, le dernier titre n’est autre que la version « chœur », de miu. Dans une interview accordée à Ableton, elle évoque comment elle a enregistré ce morceau :
Pour « Miu », la chanson qui est sortie en single, j’ai improvisé sur des rythmes carnatiques parce que c’est quelque chose que j’étudiais à l’époque. Je me suis donc enregistré en train d’improviser, puis j’ai découpé le tout et j’ai gardé les parties que je préférais. Et à partir de là, je me suis dit que lorsqu’il y a une voix qui bouge et que l’autre reste la même, cela crée une sensation qui ressemble à celle des voix bulgares. En général, j’ai la mélodie et je la complète en faisant ce qui me passe par la tête. Et puis, si ça me plaît, je la garde.
Je pensais aussi à la polyphonie vocale de la musique carnatique, ou plus spécifiquement konnakol d’après le magazine musical Goûte Mes Disques, celle-là même que j’évoque dans l’article sur Sarathy Korwar. Néanmoins, je n’avais pas pensé aux voix bulgares, dont le chœur Le Mystère des voix bulgares a connu un grand succès en France grâce à la parution de compilation, dont la première fut distribuée en 1986. J’en ai trouvé un exemplaire à Emmaüs quand j’étais étudiant, d’ailleurs. Je l’ai toujours.
Certains morceaux de Pripyat reprennent les mêmes vocalises carnatiques de miu et expérimentent dans leurs coins : abans abans a eu droit à son clip alors que lyssof propose un flamenco écrasé, et en anglais ! shaolin mantis participe à la déconstruction musicale entreprise par Herlop, on passe de la contemplation à des rythmes hachés (comprendre : glitché) et abrasifs.
Étrangement, je ne trouve pas cet album déroutant, à l’image de Eartheater, dont l’album Phoenix: Flames Are Dew Upon My Skin était sorti chez PAN en 2020. Il y a tout un monde qui s’ouvre et se laisse découvrir le temps d’un album, et on prend ce qu’on aime.
Organique, inorganique, sensibilité concrète, construction abstraite; il y a donc à boire et à manger dans cet album. C’est bon signe, il est très rare que j’apprécie un album de musique expérimentale dans son entièreté. Quand ça arrive, c’est que la structure, d’un morceau à l’autre, demeure relativement similaire. Ici, il n’y a pas un monde, mais une galaxie différente à chaque morceau.
Prolonger l’expérience
Forte de cette parution connue et reconnue, Marina Herlop ne tarde pas à sortir son quatrième album, l’année suivante, pour continuer à explorer les voies entreprises précédemment, et donc, attention jeu de mots, la voix. On prend les mêmes et on recommence ! Son album Nekkuja sort donc en octobre 2023, toujours chez PAN. Les critiques sont au rendez-vous et Pitchfork y va de sa critique en lui attribuant la même note qu’au précédent, 8/10. L’album a son propre environnement, mais l’expérimentation reste un véritable prolongement de Pripyat.
Comme sur l’album précédent, il y a 7 pistes. La durée de chacune est parfaite pour apprécier l’exploration musicale. Sur Nekkuja, je retiens surtout trois titres aux thèmes vocaux similaires : Busa, Reina Mora et Babel. Évidemment, il faut écouter tout l’album, mais je ne retiens ici que Babel :
Babel, c’est un circuit de montagnes russes. Arrivé à la moitié du titre, on perçoit l’ascension jusqu’aux cieux, puis la dégringolade progressive, ponctuée de vocalises ou de phrases plus discernables, notamment Damunt de tu només les flors, soit Au-dessus de toi, seules les fleurs, ou En dessus de toi rien que les fleurs. Ce n’est pas une phrase en l’air, dite pour faire beau. Il s’agit d’un poème mis en musique par le compositeur catalan Federico Mompou, la première pièce des cinq contenues dans son Combat del somni (le « Combat du rêve »), dont les trois premiers ont été retranscrits par Mompou. Reprenant des poèmes de Josep Janés i Olivé, le Combat est aussi riche musicalement que littérairement. Damunt de tu només les flors est donc un vers, le premier du poème éponyme. Je ne résiste pas à l’envie de partager l’ensemble du texte, déjà proposé sur un autre site et dont la traduction semble assez bien retranscrire la profondeur du texte originel :
Damunt de tu només les flors
Eren com una ofrena blanca:
La llum que daven al teu cos
Mai més seria de la branca;
Tota una vida de perfum
Amb el seu bes t’era donada.
Tu resplendies de la llum
Per l’esguard clos atresorada.
¡Si hagués pogut ésser sospir
De flor! Donar-me, com un llir,
A tu, perquè la meva vida
S’anés marcint sobre el teu pit.
I no saber mai més la nit,
Que al teu costat fóra esvaïda.
[…]
Josep Janés i Olivé (1913-1959). Damunt de tu només les flors, extrait de Combat del somni (1937).
Au-dessus de toi, seules les fleurs,
Comme une offrande blanche :
L’éclat qu’elles donnaient à ton corps
Jamais plus n’illuminerait la branche ;
Toute une vie de parfum
Dans leur baiser t’était donnée.
Tu resplendissais de l’éclat
Sous tes yeux clos accumulé.
Ah que ne suis-je soupir
De fleur ! Me donner, comme un lis,
À toi, pour que ma vie
Se fane sur ta poitrine.
Et plus jamais ne connaître la nuit,
À tes côtés évanouie.
[…]
Josep Janés i Olivé (1913-1959). Au-dessus de toi, seules les fleurs, extrait de Combat del somni (1937), trad. par L. & L.
Quand je parle de montagnes russes, j’évoque la difficulté d’immersion : j’apprécie les artistes qui proposent des choses compliquées, c’est comme s’ils portaient portaient, nous, auditeurs, en haute estime. Dans une interview accordée à Autre Magazine en janvier 2024, elle évoque ce sujet de manière claire et synthétique :
Si la musique est trop prévisible et que le processus d’écoute est trop agréable, trop doux, alors cela peut être ennuyeux. C’est comme quand vous partez en voyage, vous avez toujours besoin qu’il se passe quelque chose, comme si votre voiture tombait en panne d’essence, vous avez besoin de vivre une petite aventure. Sinon, c’est juste un voyage relaxant, et vous l’apprécierez probablement davantage s’il comporte des difficultés ou des défis. En tant que musicien, vous êtes votre propre auditeur, donc vous recherchez cela lorsque vous faites de la musique.
Cette interview donnée par Caroline Whiteley est très intéressante. Je ne citerai pas toutes les réponses de Marina Herlop, mais elle revient aussi sur la manière dont le succès s’est subitement emparé de son œuvre musicale : avant, il n’y avait pas d’engouement extérieur, il n’y avait rien. Les nouvelles personnes qui découvrent et écoutent sa musique pourraient, un jour, s’en lasser, mais l’effort qu’elle a mis dedans, lui, ne disparaîtra jamais. Elle donne une anecdote : « Quand j’étais professeur de piano pour mes élèves, je leur disais de ne pas abandonner, car cela ne fait que s’améliorer. Si vous vous amusez maintenant, dans trois ans, vous vous amuserez dix fois plus. »
Quelles performances ? Quelles performances !
Au-delà des albums studio, j’ai profité de la rédaction de cet article pour regarder les captations de ses concerts. Il y a quelques interprétations remarquables à découvrir. Depuis 2022 et le succès de Pripyat, elle est invitée pour des performances dont l’image est tout aussi qualitative que le son :
Pas assez de miu ? Il y a aussi sa performance au festival néerlandais du Guess Who?, filmée en 2022. Voilà ce que j’ai retenu, mais il existe, et existera, d’autres traces audiovisuelles. J’espère qu’un jour, sa performance au Botanique (mars 2024), dans l’église Notre-Dame-de-Laeken, à Bruxelles, sera mise en ligne ! Il y a déjà beaucoup à dire, parce que Marina Herlop montre aussi son travail lors de collaborations avec d’autres artistes.
Les collaborations
Qui dit collaboration dit travail d’équipe. En tout cas, une équipe de deux, a minima, mais la collaboration a aussi lieu sans pour autant avoir deux voix. J’en veux pour preuve ce qui m’a motivé à écrire cet article : une parution récente. Marina Herlop collabore avec Lapsus Records pour apparaître sur la compilation VINT, sorti en octobre 2024. L’album commence par un morceau de la légendaire Suzanne Ciani, l’une des plus importantes figures féminines du minimalisme (mais pas que). Marina Herlop apparaît en deuxième position, avec le titre Collige virgo gladium. Ce titre, il me hante tant je l’ai écouté. À regarder le titre de plus prês, c’est un clin d’œil au Collige, virgo, rosas longtemps attribué au poète latin Virgile, mais aurait été écrit par Ausone. La locution vient du poème De Rosis nascentibus, (« Les boutons de roses ») et contient les vers collige, virgo, rosas dum flos novus et nova pubes (mignonne, tant que la rose et toi sont dans la fleur de l’âge) / et memor esto aevum sic properare tuum (cueille la rose et souviens-toi que comme elle tu te flétriras). En France, on connaît ce memento mori à travers la plume de Pierre de Ronsard et son poème, qui s’en inspire grandement, Mignonne, allons voir si la rose. « Souviens-toi que tu vas mourir », tel est le sens de la locution original. Marina Herlop utilise gladium, pour évoquer la maxime poétique, mais aussi la transformer en jeune fille, cueille l’épée. « Souviens-toi que tu vas mourir, mais avant, arme-toi et tue ». Une tout autre lecture, dont l’interprétation reste libre.
Il y a la carrière solo, certes, mais il y a aussi le croisement entre deux créativités lors de ces collaborations. Je ne sais pas comment décrire ce sentiment de satisfaction : celui qui se manifeste lorsque vous écoutez la nouvelle sortie d’un artiste que vous appréciez, et qu’en plus, vous y trouvez une collaboration avec un autre artiste que vous appréciez autant. Dans mon cas, cela s’est produit deux fois avec Marina Herlop. La première fois, c’était avec sa collaboration avec l’artiste de la scène shanghaienne 33EMYBW, signée sur le label britannique SVBKVLT. En novembre 2023, l’artiste chinoise sort son album Holes of Sinian et invite Marina Herlop sur le titre Ediacaran Ghost 埃迪卡拉幽灵 :
L’ambiance est mystérieuse et même angoissante, mais je trouve que cette collaboration fait ressortir un amour commun pour l’expérimentation. La voix stridente de Marina Herlop vient rompre, par deux fois et à la manière d’une pluie de couteaux, des murmures glauques. Deuxième agréable surprise, toujours en novembre 2023 : l’enregistrement du titre Collision Data avec le musicien britannique Iglooghost. J’écoutais depuis quelques années, mais je ne présageais pas une collaboration entre les deux. Le style musical du Britannique est habituellement très abrasif, mais la musique électro-expérimentale semble les avoir réunis. D’ailleurs, en mai 2024, Iglooghost a sorti son excellent album Tidal Memory Exo. J’ai eu l’occasion de le voir au Point Éphémère en juin dernier pour le présenter à Paris, que d’énergie !
Je digresse, donc je recentre le sujet pour le clore, avec cette playlist qui immortalise mes morceaux préférés : Marina Herlop (sélections). Seul élément qui manquera à cet article : tout le pan vestimentaire de l’artiste, qui est une expérience à part entière et qui, je l’espère, sera décrit par quelqu’un d’autre !
L’image de couverture ainsi que celle figurant dans l’article proviennent de l’excellent article publié par Numero Magazine en janvier 2024.
Alexandre Wauthier